HEC Paris

SIGEM, 15 ans de répartition des élèves en écoles de commerce

12 déc. 2021

Les données SIGEM des désistements croisés consistent à comparer les écoles deux à deux selon le choix d'intégration des doubles-admis. Or, le classement qui résulte de ces données est plutôt insatisfaisant car il ne compare que les écoles une à une et non ensemble.

L'algorithme Elo pour départager les écoles entre elles.

DAUR a utilisé une méthode de classement éprouvée et célèbre pour les joueurs d'échecs, le classement Elo qui permet de générer un classement à partir de match entre deux joueurs. Pour l'appliquer aux écoles, les matchs entre deux écoles sont illustrés par les choix des doubles-admis. Ainsi, pour évaluer les écoles entre elles en tenant compte de toutes les données, la matrice originale a été transformée en une liste de matchs (environ 25 000 par an) et ces matchs ont été joués (aléatoirement) année par année dans cet algorithme Elo qui accorde des points en fonction de la probabilité initiale de victoire.

Classement SIGEM Elo 2021

Classement SIGEM Elo 2021 avec le nombre d'intégrés

Une stabilité historique perturbée par les nombreuses fusions des années 2010.

Le top cinq des écoles de commerce française semble immuable et renforce sa position malgré un mouvement exceptionnel en 2021.

Historiquement HEC Paris, ESSEC Business School, ESCP Business School, emlyon business school et EDHEC Business School forment le top 5. Avec une hiérarchie très nette en particulier pour les trois premières places avec plus de 550 points d'écart avec l'école suivante, soit 95 % de probabilité qu'un double admis choisissent l'école plutôt que la suivante.

Historique du classement SIGEM (par Elo) depuis 2007 jusqu'en 2021

Historique du classement SIGEM (par Elo) depuis 2007 (hormis 2020 dû à la non-publication par SIGEM)

Cependant, Si l'écart historique entre les quatrième et cinquième place était plus serré, il n'en reste que l'emlyon s'est toujours distingué devant l'EDHEC jusqu'à cette année ou l'EDHEC est passé devant ; résultat de la stratégie innovante et de la réputation en finance de l'école d'origine lilloise face à la lyonnaise qui a subis plusieurs incidents (mise sous surveillance et démissions entre autres).

Les fusions des années 2010 ont refondu le panorama du top 10.

De nombreuses fusions (encore effectives) ont eu lieu dans les dernières années transformant le panel d'ESC en un nouvel ensemble d’écoles revendiquant une image indépendante, ne gardant en commun que le titre du diplôme (programme Grande Ecole) :

  • en 2009 : Skema business school issue de l'ESC Lille et CERAM Business School

  • en 2013 : KEDGE Business School issue de l'ESC Bordeaux et de l'ESC Marseille

  • en 2013 : NEOMA Business School issue de l'ESC Rouen et de l'ESC Reims

Ces fusions s'illustrent en sortie de classes préparatoires, avec des progressions notables (en se plaçant toutes dans le top 10 et laissant Toulouse, Rennes et Montpellier derrières) et en particulier skema qui dépasse cette année Grenoble et Audencia et accède à une sixième place convoitée. En effet, l’école montre une progression dans le choix des intégration forte et constante (+ 116 points par an en moyenne depuis 2014 année suivant la mise en commun des campus de Lille, Paris et Marseille sur le concours).

Cependant, certaines initiatives de fusion ou acquisition se sont avérée être des échecs pour les écoles engagées.

  1. L’échec de France Business School en 2012 (regroupant l’ESC Clermont, l’ESCEM, l’ESC Amiens et Brest Business School). Le projet fut vivant critiqué et activement perturbé par le SIGEM et les concours, notamment avec un retrait du recrutement en 2013 qui a privé la jeune école d’élèves de CPGE. La fusion fut annulée en 2015 et deux des quatre écoles ne sont pas revenus sur des recrutements post-prépa et les deux retours (Brest et Clermont) ont pu constater une chute de 200 points montrant la dégradation de la confiance des étudiants dans ces écoles.

  2. Les acquisitions de l’ESC Saint-Etienne par l’emlyon business school (en 2015) et de l’ESC Chambéry par l’INSEEC Grande Ecole (en 2013), moins 450 points pour l’emlyon depuis l’année post acquisition et moins 190 points pour l’INSEEC.

  3. Le retrait progressif de l’ESC Pau et de l’ISG du SIGEM démontrant la difficulté pour ces écoles à recruter des étudiants de classes préparatoires.

  4. Enfin l’ENAss, habituée à recruter quelques étudiants sur les concours de BCE a cessé son recrutement post-prépa à partir de 2015.

Finalement,

Derrière un Top 5 (+ les trois écoles spécialisées : ESM Saint-Cyr, ENSAE Paris et ENS Paris-Saclay) semblant intouchable, les écoles de commerce subissent une consolidation forte du secteur (22 % d’écoles en moins pour 8 % de places en plus sur SIGEM depuis 2008) entre fusion, acquisition et retrait marqué par des réussites importantes et des échecs. Ainsi, le marché des écoles de commerce s’est transformé d’un modèle uniformisé d’ESC avec des diplômes standardisés vers des modèles différenciés reposant sur une image de marque importante. L’EDHEC Business School et Skema Business School ont montré ces dernières années leur robustesse et une dynamique vertueuse dans ce marché concurrentiel et mouvant.

Pierre Quiros
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Pierre Quiros