Ecole polytechnique

Parisianisation continue à l'Ecole polytechnique

19 sept. 2022

La proportion d'entrants à l'X issus de classes prépas de province a chuté en 25 ans.

Vous saviez que les prépas du Big 6 (LLG, Ginette, Henri IV, Stanislas, Saint-Louis et Hoche) étaient largement surreprésentées à l'Ecole polytechnique, mais peut-être pas que le phénomène avait pris une ampleur aussi considérable ces dernières années. En 1995, un polytechnicien français sur deux issu de la filière M, ancêtre de la MP (Maths-Physique), avait fait sa prépa en province. En 2021, c'est à peine plus d'un sur six (17%). Même constat en filière PC (Physique-Chimie, anciennement P) où le taux de provinciaux parmi les entrants est passé de 41% en 1995 à seulement 13% (!!) en 2021.

Quand on s'intéresse aux populations inscrites au concours et celles finalement admises, on s'aperçoit que les proportions de provinciaux parmi elles étaient autrefois comparables. Les courbes n'ont cessé de diverger depuis. Très concrètement, cela signifie que les préparationnaires de province échouent désormais davantage. Deux hypothèses pourraient permettre d'expliquer un tel phénomène :

  • les CPGE parisiennes préparent de mieux en mieux leurs étudiants au concours de l'X ;

  • ou, plus probablement, les meilleurs bacheliers de province se ruent vers les prépas parisiennes.

Michel Gonin, ancien directeur du concours d'admission, assurait en effet en 2017 au journal Le Monde que « le nombre de bacheliers provinciaux reste stable : autour de 50 % ».

La dynamique actuelle laisse donc présager une consolidation de l'accès à l'X autour d'une liste de classes prépas de plus en plus restreinte, marginalisant encore davantage les grands lycées de province (Le Parc, les Lazos et Fermat faisant exception). Le recours systématique à APB puis Parcoursup depuis 2008 en serait en partie responsable, en incitant les bacheliers de province à tenter leur chance auprès de grands lycées parisiens. De quoi durablement acter l'idée d'un système à deux voire trois vitesses, avec un noyau de puissantes prépas parisiennes, quelques grands lycées de province en déclin et les autres déjà hors-course ?

Part des intégrés à l'Ecole polytechnique provenant d'une classe préparatoire de province

Sylvain Delgendre
Photo Sylvain

Sylvain Delgendre